Séminaire des experts du PQIP-DCTP sur le « Continuum Education-Formation »

Date: 
Lundi, Novembre 7, 2016 - Mardi, Novembre 8, 2016
Venue: 
Abidjan
Pays: 
Ivory Coast

Le contexte : un engagement continu du Pôle au service de la coopération inter-pays dans le domaine du Développement des Compétences Techniques et Professionnelles (DCTP)

Depuis sa création en 2010, le Pôle de Qualité Inter-Pays sur le Développement des Compétences Techniques et Professionnelles (PQIP/DCTP) a pour objectif prioritaire de soutenir les pays africains dans la mise en œuvre de politiques et des dispositifs d’éducation et de formation qui qualifient le maximum de jeunes en vue de leur insertion réussie dans le monde du travail. Il a dans ce sens abordé et approfondi la situation des pays africains dans les diverses voies menant à cette qualification. Le Pôle a ainsi analysé les politiques et pratiques d’une vingtaine de pays dans les domaines suivants :

  • la formation, l’insertion et l’emploi des jeunes ;
  • la validation des connaissances et compétences acquises dans les dispositifs non formels et informels de formation ;
  • l’investissement des pays dans la formation des formateurs et des entrepreneurs ;
  • le financement de la formation professionnelle.

L’ensemble de cette analyse a permis de comparer les situations diversifiées des pays africains et surtout d’échanger et de mutualiser les expériences entre les pays afin de les engager sur une voie de coopération au niveau régional. Cette analyse a également permis de constater que les efforts réalisés pour former les jeunes se heurtaient à un certain nombre d’obstacles dont un des plus importants est l’absence de continuum entre éducation et formation.

Une priorité 2016 : établir à tous niveaux un continuum effectif entre éducation et formation

Combattre la discontinuité entre éducation et formation 

Même si l’éducation pour tous a fait beaucoup de progrès depuis 2010, notamment en Afrique subsaharienne (de 59% de taux net en 1999 à 72% en 2012), il n’en reste pas moins que l’abandon scolaire reste préoccupant dans la plupart des pays. Le rapport EPT 2015 estime ainsi qu’au moins 20% des enfants scolarisés dans le primaire n’y resteront pas jusqu’en dernière année. Il constate par ailleurs qu’un peu plus de la moitié des enfants non scolarisés dans le monde vivent en Afrique subsaharienne. Il en résulte qu’entre 30% et 40% des jeunes africains risquent de se retrouver en fin de cycle primaire hors de tout dispositif ou parcours d’éducation et de formation. Une telle situation réduit fortement leurs chances de réussir leur insertion sociale et professionnelle et appelle à la création de passerelles entre la fin du cycle primaire et le début de la vie professionnelle des jeunes.

L’absence d’un tel continuum est pluridimensionnelle. Elle exprime d’abord l’incapacité des systèmes actuels d’éducation et de formation à empêcher qu’un grand nombre de jeunes quittent prématurément l’école avant même d’avoir acquis un socle minimum de connaissances et de compétences. Elle rend compte ensuite de la difficulté sinon de l’impossibilité de ces systèmes à donner accès au savoir et à la compétence à tous, à tous les âges de la vie et tout au long de la vie. Elle est enfin le signe de la non reconnaissance qui existe, au niveau des pays, des modes non formels et informels d’acquisition de connaissances et de compétences et dont un des buts premiers est justement d’éduquer et de former les non scolarisés ou les déscolarisés.

Promouvoir l’accès continu des jeunes et des adultes à l’éducation et à la formation tout au long de la vie 

Il est reconnu aujourd’hui que les emplois de subsistance sont tendanciellement occupés par des jeunes et des adultes qui ont un faible niveau d’éducation et de formation et que leur accès à des emplois permettant de gagner décemment sa vie est grandement facilité par une élévation de leurs niveaux de connaissance et de compétences. Il en résulte que les réformes à entreprendre dans les pays doivent donner la possibilité à tous et à tout âge de pouvoir accéder à des dispositifs et parcours facilitant le renforcement de leurs savoirs, savoir-faire et savoir être et plus globalement leurs capacités à devenir des acteurs de leur propre évolution personnelle, sociale et professionnelle. Il s’agit par-là de créer un continuum entre formation initiale, formation générale, formation professionnelle et toutes les situations de la vie qui permettent d’acquérir de façon non formelle ou informelle des connaissances et des compétences.

Reconnaître toutes formes et modalités d’acquisition de connaissances et de compétences

Il existe différentes formes de réponses à l’échec de l’universalisation de l’éducation de base qui abandonne trop de monde en cours de route, ainsi qu’à la très grande faiblesse de la formation professionnelle qui ne concerne qu’une très faible minorité de jeunes. L’affirmation de l’alphabétisation comme un droit inaliénable de toute personne à savoir lire, écrire et compter et l’adoption du concept de Développement des Compétences Techniques et Professionnelles(DCTP) comme un moyen de reconnaitre toutes les formes non formelles et informelles de qualification professionnelle, ont pour objectifs commun de créer de nouvelles formes et voies d’accès aux diverses formes de savoirs et de compétences au bénéfice de celles et ceux qui en ont été initialement exclus. Mais ces nouvelles formes et voie d’accès à l’éducation et à la formation ne créent du continuum que si elles ont pour exigence de reconnaître à valeur égale les acquis éducatifs et professionnels de ceux qui en bénéficient, quels que soient par ailleurs le temps, les lieux et les modalités d’obtention de ces acquis.

Les objectifs du séminaire 2016 : analyser et mutualiser les expériences pays en vue de réussir le continuum éducation/formation

Les pays seront invités, conformément aux expériences des conférences d’Abidjan de 2014 et de Kigali de 2016, à écrire un rapport pays rendant compte de la manière dont ils mettent en œuvre le continuum éducation/formation dans les trois domaines suivants :

  • comment réduire l’échec scolaire en fin de cycle primaire ou durant le premier cycle de l’enseignement secondaire de manière à donner à tout jeune la possibilité d’être soit en apprentissage scolaire, soit en formation soit au travail ?
  • comment créer, pour les non scolarisés ou les déscolarisés, les moyens d’acquérir une éducation de base et une formation professionnelle pour ainsi accroître leurs chances de gagner décemment leur vie ?
  • comment engager des réformes qui valorisent et certifient toutes les formes et modalités d’acquis éducatifs et professionnels et permettent au plus grand nombre d’accéder aux diverses formes de connaissances et de compétences tout au long de la vie ?

Les divers rapports des pays seront analysés, synthétisés puis regroupés, préalablement au séminaire, dans un Compendium des expériences pays. Celui-ci servira de matériau d’échange et d’analyse entre les experts et leur permettra d’identifier des axes de coopération inter-pays sur les meilleures manières de réaliser le continuum éducation/formation.

Les résultats visés par le séminaire 2016 : approfondir et mutualiser, dans le cadre de la coopération inter-pays, les expériences réussies de continuum éducation/formation

Il importera que le séminaire élabore, en vue de le proposer aux Ministres du PQIP/DCTP, un plan d’échange et de mise en commun des expériences réussies au niveau des pays participants. Il devra dans cette optique viser durant l’année 2016/2017 l’atteinte des résultats suivants :

  • Faire un choix de trois ou quatre expériences assez abouties pour être diffusées et, si possible, mises en œuvre, dans un certain nombre de pays ;
  • Proposer, autour de chaque expérience identifiée, la création d’un groupe de travail réunissant les pays désireux de l’approfondir et/ou de la mettre en œuvre ;
  • Elaborer les contours d’un lieu virtuel d’information, de travail coopératif et de publication des résultats obtenus par les divers groupes de travail inter-pays ;
  • Définir les contenus, au niveau du Pôle, d’un travail d’étude et de recherche sur les modalités conceptuelles et opérationnelles d’inscription des expériences réussies dans les politiques nationales et régionales d’éducation et de formation ;
  • Concevoir un plan de diffusion de l’ensemble du travail post-conférence aux niveaux régional, national et international.

Les grandes étapes du processus de préparation de la Conférence

La revue de littérature concernant la manière dont le concept de continuum éducation/formation est décliné à la fois au niveau de la recherche et des dispositifs d’éducation et de formation des pays a servi de préalable à ce processus préparatoire.

Les étapes à venir seront déclinées comme suit.

Première étape : l’écriture des rapports pays

La réussite du séminaire repose sur la capacité qu’auront les experts qui y participeront à  prendre la mesure des situations vécues et des problèmes posés en Afrique dans le domaine du continuum éducation/formation et à proposer à leurs Ministres en conséquence des dispositifs et parcours d’éducation et de formation permettant à un maximum de jeunes et d’adultes, soit au niveau scolaire, soit par la formation tout au long de la vie, d’acquérir un socle minimum de connaissances et de compétences reconnues et certifiées. Une telle capacité d’analyse et de proposition présuppose que chaque pays participant désigne un expert acceptant de rendre compte, de la manière la plus concrète possible, des politiques et des pratiques que son pays met en œuvre pour concrétiser les diverses acceptions du continuum éducation/formation. Il sera notamment demandé à chaque pays de réaliser le rapport dont il aura la charge selon une structure commune à l’ensemble des autres pays invités.

Deuxième étape : l’analyse comparative des rapports pays                                          

L’ensemble des rapports pays sera analysé de manière à identifier les principaux obstacles qui empêchent la réalisation d’un continuum éducation/formation, tant au niveau de la scolarité initiale que de l’accès de la population active, particulièrement peu éduquée et formée, à des connaissances et compétences dont jeunes et adultes ont besoin pour gagner décemment leur vie et plus largement pour réussir leurs parcours professionnel, social et personnel. Cette analyse identifiera dans le même temps les expériences en cours qui permettent de surmonter ces obstacles et de créer, soit des passerelles entre la fin de la scolarité primaire et l’entrée dans la formation professionnelle, soit de faire accéder ultérieurement les moins éduqués et les moins formés à un socle minimum de connaissances et de compétences, soit encore de faire reconnaître et certifier les savoirs et savoir-faire que ces derniers auront acquis en dehors du système formel d’éducation et de formation.

Troisième étape : la réalisation d’un compendium des expériences pays

L’ensemble des participants au séminaire recevront, préalablement à sa tenue, un document contenant les éléments suivants :

  • Les principales conclusions de la revue de littérature relatives aux diverses acceptions du concept de continuum éducation/formation et à la manière dont elles sont comprises et mises en œuvre;
  • Une synthèse de 2 pages de chaque rapport pays. Elle rendra compte du contexte spécifique de chaque pays concerné et des politiques et pratiques mises en œuvre pour lutter contre les diverses formes de discontinuité identifiées dans le cadre de la revue de littérature ;
  • Une sélection des expériences pays qu’il serait opportun de mutualiser dans le cadre d’une coopération renforcée entre les pays.

Le compendium  servira de document de travail pour alimenter les débats lors du séminaire et pour servir de base aux propositions d’études/recherches et d’action que les experts feront à destination de leurs Ministres pour prolonger et approfondir la coopération inter-pays dans le domaine du continuum.

L’envoi du compendium sera accompagné de celui de l’analyse comparative des rapports pays.